Résumé n°CO_16
Observatoire français de l’échinococcose kystique, OFREKYS : premières données chez 90 patients.
S. Bresson-Hadni*, C. Barrera, L. Bohard, N. Tissot, A. Doussot, C. Turco, E. Brumpt, P. Calame, F. Demonmerot, M. Wallon, J. Knapp, L. Millon (Besançon, Lyon)
Introduction :
En France, les données disponibles sur l’échinococcose kystique (EK) sont limitées. L’activité de surveillance du Centre National de Référence Echinococcoses (CNR-E), jusqu’alors dédiée à l’échinococcose alvéolaire (EA), s’est élargie récemment à la surveillance de l’EK, due au développement, principalement dans le foie, de la larve d’Echinococcus granulosus. S’agissant d’une affection plus fréquente et plus dispersée que l’EA, tant géographiquement qu’en terme de prise en charge, la démarche d’observatoire, ne visant pas l’exhaustivité, a été retenue pour cette nouvelle activité du CNR.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Le recueil de données a débuté en janvier 2016, principalement par l’élargissement de la RCP nationale « échinococcoses » mensuelle et dédiée à l’EA, aux demandes d’avis pour des patients atteints d’EK. L’information de ce service a été régulièrement diffusée par le biais de sociétés savantes. Après information et obtention du consentement du patient, les données démographiques, épidémiologiques et cliniques étaient enregistrées par le système informatisé de recueil en ligne Clean WEB®.
Résultats :
De janvier 2016 à mai 2022, 90 patients adultes ont été inclus (44H/46F), d’âge médian 44 ans (extrêmes : 24-89). Soixante quinze (83%) d’entre eux étaient originaires de pays étrangers, Maghreb dans 48 cas (53%), Turquie dans 9 cas (10%), Europe de l’Est dans 8 cas (9%). Dans 50% des cas, il s’agissait d’un primo-diagnostic. Près d’un tiers des patients (26%) présentaient une récidive de l’EK après une chirurgie antérieure. Une contamination autochtone était probable pour 8 patients. Un foyer à risque a ainsi pu être identifié dans les Hautes- Alpes. Le kyste était unique dans 50% des cas. L’organe le plus fréquemment parasité était le foie, dans 78% des cas. Le traitement a été chirurgical dans 72% des cas, associé à la prise d’albendazole (ABZ) dans 83% des cas. Huit patients (9%) ont eu des traitements instrumentaux, per- endoscopique biliaire et/ou per-cutané. Pour 22% des cas, l’EK était considérée à un stade inactif et une simple surveillance était instaurée. Un génotypage moléculaire a pu être réalisé au CNR-E pour 41 lésions d’EK, indiquant une infection par E.granulosus sensu stricto dans la majorité des cas (n=35), par E. canadensis dans 4 cas et par E.ortleppi dans 2 cas. Deux patients sont décédés de complications de l’EK.
Conclusion :
La majorité des cas d’EK en France sont importés. Les connaissances sur cette parasitose apparaissent insuffisantes. Les traitements percutanés ne sont pas développés. Pour les cas autochtones, des actions de prévention vont être prochainement instaurées dans les Hautes-Alpes. La poursuite de cette surveillance devrait contribuer à optimiser la prise en charge de cette parasitose dans notre pays.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt
Remerciements : A tous les médecins du réseau OFREKYS qui ont contribué à l’enregistrement des cas dans cet observatoire.