Résumé n°CO_20

Efficacité et tolérance d’un traitement par bulevirtide dans la vraie vie : résultats intermédiaires de la cohorte ANRS HD EP01 BuleDelta

H. Fontaine*, C. Fougerou-Leurent, D. Roulot, E. Gordien, C. Scholtès, S. Metivier, V. De Ledinghen, V. Ratziu, P. Mathurin, V. Loustaud-Ratti, V. Leroy, C. Birklé, E. Le Pabic, C. Tual, V. Petrov-Sanchez, F. Zoulim (Bobigny, Bordeaux, Créteil, Lille, Limoges, Lyon, Paris, Rennes, Toulouse)

Introduction :
 L’infection chronique par le virus de l’hépatite delta, qui touche environ 5 % des patients Ag HBs positifs, est caractérisée par un pronostic plus sévère (2 à 5 fois plus de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire). Les modalités optimales du traitement par bulevirtide, accessible en France depuis fin 2019, restent à préciser.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
  La cohorte BuleDelta est un observatoire ANRS |MIE, multicentrique, national français qui a pour objectif d’analyser l’efficacité et la tolérance d’un traitement par bulevirtide. L’analyse a été effectuée chez les patients avec des données disponibles et monitorées à la 24eme semaine de traitement. La réponse virologique était définie par la diminution de la virémie d’au moins 2 log UI/ml et/ou l’indétectabilité de l’ARN delta, la réponse biochimique par la normalisation des ALAT et la réponse combinée par l’association des deux.

Résultats :  Au 13 mai 2022, 173 patients ont été inclus de façon rétrospective (63%) ou prospective (37%) par rapport au début du traitement par bulevirtide : 69% d’hommes, âge moyen 41 ± 11 ans, d’origine sub-saharienne (46%), asiatique (27%) et européenne (25%) et 55% cirrhotiques. Le traitement par bulevirtide (durée moyenne 16 ± 8 mois), était associé à l’interféron chez 41% et à des analogues chez 80%. Au début du traitement, la virémie delta moyenne était de 6,2 ± 1,3 et la virémie B de 2,4 ± 1,5 log UI/ml (chez les 32% avec une virémie B quantifiable).
L’analyse intermédiaire a été réalisée chez 115 patients, 56% cirrhotiques, 81% traités par analogues et 43% traités par interféron. A S24, la réponse virologique était observée chez 58% des patients (84 et 39%, avec et sans interféron, respectivement), la réponse biochimique chez 46 (35 et 54%), la réponse combinée chez 24 (34 et 17%) et l’indétectabilité de l’ARN delta chez 23 (44 et 8%). La virémie delta diminuait en moyenne de 1,8 ± 1,1 log UI/ml (2,4 ± 1,2 log UI/ml et 1,6 ± 1,0 log UI/ml, respectivement). En analyse univariée, la réponse virologique était associée à la combinaison avec l’interféron et à un niveau d’ALAT supérieur à la normale à J0. En analyse multivariée, seul le fait d’associer de l’interféron au bulevirtide était identifié comme associé à la réponse virologique (OR 8,40, IC95% 3,39-20,79, p < 0,0001).
La tolérance du traitement était correcte chez 128 patients évaluables : un décès secondaire à une décompensation de cirrhose avec carcinome hépatocellulaire, 13 arrêts prématurés de traitement (dont 5 considérés comme liés à l’interféron, 2 au bulevirtide, 1 à la combinaison thérapeutique). Les évènements indésirables graves étaient observés chez 22% des patients dont 46% d’élévation des acides biliaires.

Conclusion : Dans cette cohorte de vraie vie de patients traités par bulevirtide, la diminution de la virémie d’au moins 2 log était observée chez plus de la moitié des patients et était liée de façon indépendante à l’association à un traitement par interféron. Des résultats actualisés seront présentés au cours du congrès.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt

Remerciements :
Promoteur : ANRS Maladies Infectieuses Emergentes
Centres cliniques et leurs investigateurs
Patients et leur entourage
Centre de méthodologie et de gestion