Résumé n°CO_30

Mutations du promoteur TERT identifiées par ddPCR sur des échantillons FFPE : un marqueur moléculaire d'entrée dans la carcinogenèse hépatique

A. Beaufrère*, S. Paisley, I. Ba, S. Laouirem, V. Priori, F. Cauchy, M. Lesurtel, J. Calderaro, C. Kannengiesser, V. Paradis (Clichy, Créteil, Paris)

Introduction : Le diagnostic des nodules hépatocytaires de moins de 2 cm sur cirrhose est difficile en imagerie et sur biopsie. La présence des mutations du promoteur de TERT (pTERT) sur biopsie permettrait d’identifier les nodules déjà engagés dans un processus de malignité. Les but de ce travail étaient de (1) rechercher les mutations du pTERT par digital droplet PCR (ddPCR), une technique ultrasensible de biologie moléculaire applicable sur biopsies fixées et incluses en paraffine (FFPE), et (2) identifier des critères morphologiques associés à ces mutations.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :  Nous avons constitué une cohorte bicentrique de 339 nodules hépatocellulaires <2cm développés sur cirrhose comprenant 299 nodules réséqués et 40 nodules biopsiés FFPE. Une relecture histologique a été réalisée permettant l’évaluation d’une vingtaine de critères morphologiques et de classer les différents nodules comme suit : cirrhose, nodules régénératifs, nodules dysplasiques (bas et haut grade), nodules de carcinome hépatocellulaire (CHC). L’identification des mutations de pTERT (mutations hotspots c.-124 C>T, c.-146 C>T et c.-57 A>C) a été réalisée par ddPCR sur l’ensemble des nodules.

Résultats :  Sur les 339 nodules inclus, 105 (36%) étaient classés en CHC, 12 (4%) en CHC sur nodule dysplasique de haut grade, 51 (15%) en nodules dysplasiques de haut grade, 54 (16%) en nodules dysplasiques de bas grade, 53 (16%) nodules régénératifs et 64 (19%) en nodules de cirrhose. L’analyse par ddPCR a identifié 105 mutations pTERT (31%) réparties comme suit : 85 CHC (81%), 6 CHC sur nodules dysplasiques de haut grade (50%), 7 nodules dysplasiques de haut grade mutés (14%), 2 nodules dysplasiques de bas grade (4%), 2 nodules régénératifs (4%) et 3 nodules de cirrhose (5%) (figure). En analyse multivariée, les critères morphologiques indépendamment associés aux mutations pTERT étaient la densité cellulaire augmentée (p=0,03), la présence de pseudoglandes (p=0.04), l’invasion stromale (p=0,05) et l’épaisseur des travées hépatocytaires (p=0.01). L’association de 3 critères (densité cellulaire augmentée, pseudoglandes et travées épaissies) permettait d’obtenir une spécificité de 93% et une sensibilité de 51% pour le diagnostic de mutations pTERT (AUC : 0,72).

Conclusion : Nos résultats montrent (1) la faisabilité de la recherche de mutations du pTERT sur des échantillons obtenus en routine, notamment des biopsies, (2) que certains nodules dysplasiques (mutés pTERT) doivent être considérés comme des CHC, malgré leur classification histologique, et traités comme tels, (3) que certains critères morphologiques sont indépendamment associés aux mutations pTERT.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt

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