Résumé n°CO_34

Un TIPS de sauvetage doit toujours être envisagé dès lors qu’un tamponnement est mis en place pour hémorragie en lien avec une hypertension portale (HHTP) : résultats sur deux cohortes multicentriques internationales de 3019 patients cirrhotiques

J. Cervoni*, D. Thabut, V. Hernández-Gea, D. Weil, B. Procopet, A. Pauwels, G. Silva-Junior, R. Bañares, A. Krag, W. Laleman, M. Rudler, C. Bureau, J. Bosch, J. Garcia Pagan, V. Di Martino (Barcelone, Bern, Besançon, Cluj-Napoca, Gonesse, Louvain, Odense, Paris, Toulouse)

Introduction : Le tamponnement des varices œsophagiennes (VO) ou gastriques (VG) est utilisé comme première étape du traitement des HHTP en attendant un traitement plus efficace et notamment un TIPS de sauvetage (sTIPS). Bien que cette procédure soit utilisée depuis 1950, il existe peu de données dans la littérature concernant ses résultats à l’ère du TIPS. L’objectif était de décrire les résultats de cette procédure au cours la dernière décennie

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :  Nous avons analysé 2 grandes cohortes prospectives (groupe Baveno et observatoire français CHOC) de patients cirrhotiques avec une HHTP. L’origine du saignement était identifiée chez tous les patients. Les principaux critères de jugement étaient : l’échec du contrôle hémorragique (ECH), la récidive hémorragique avant le jour 42 (RH), la survie au jour (J) 5, et à J42. Les analyses multivariées ont été réalisées à l’aide de modèles de régression logistique et de Cox.

Résultats :  3019 patients (73% H, 59 ans, 80% Child B/C ) étaient suivis jusqu’à 1an après l’HHTP. 638 (31%) avaient des antécédents d’HHTP et 1011 (49%) avaient reçu une prophylaxie. L’HHTP compliquait des VO (79%), des VG (14%), une gastropathie (5%) ou un ulcère post ligature (2%). Un ECH et une RH survenaient respectivement dans 13% et 34% des cas. 103 patients (3,4%) ont eu un tamponnement (90 ballons 13 stents). Leurs caractéristiques (modèle multivarié, AUROC=0,79) étaient: saignement actif (OR=5,13;p<0,001), traitement anticoagulant (OR=4,09;p<0,001), hématémèse (OR=2,59;p=0,02), sexe masculin (OR=2.27;p=0.02), âge ≥ 60ans (OR=1.75;p=0.04) et état de choc (OR=1.72;p<0.01). Chez 18 patients (17,5%), le tamponnement était inapproprié (HHTP ne concernant ni VO ni GOV1). L’ECH était plus fréquent en cas de tamponnement (46% vs.12%,p<0,001), surtout si inapproprié (61%). Néanmoins, chez les patients avec ECH, le tamponnement était associé à un meilleur accès au sTIPS (32 vs.17%,p<0,01). Les patients tamponnés avec sTIPS avaient une survie comparable à celle des non tamponnés à J5 (93% vs.95%) et J42 (72% vs.82%), et supérieure à celle des patients tamponnés sans sTIPS (79% à J5; 55% à J42). La RH était plus fréquente chez les tamponnés sans sTIPS (59%), qui incluaient tous les patients avec contrôle initial de l’HHTP, que chez les tamponnés avec sTIPS (47%) ou les non tamponnés (40%).

Conclusion : Chez les patients tamponnés, le sTIPS mis en place en cas d’échec de contrôle hémorragique est associé à une meilleure survie à court terme. Paradoxalement, en cas de contrôle initial de l’hémorragie post tamponnement, la récidive hémorragique et le décès à J42 sont plus fréquents. Ces données suggèrent qu’un TIPS de sauvetage doit être recommandé dès qu’un tamponnement est mis en place

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt

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