Résumé n°CO_39
Mortalité à long terme après transplantation hépatique dans l’ère de l’immunosuppression moderne. Résultats préliminaires d’une cohorte nationale française.
F. Charpy, M. Meszaros*, L. Gamon, S. Dharancy, A. Del Bello, L. Meunier, J. Ursic Bedoya, S. Faure, T. Antonini, J. Dumortier, N. Molinari, G. Pageaux (Lille, Lyon, Montpellier, Toulouse)
Introduction : La transplantation hépatique (TH) est le traitement des hépatopathies décompensées et/ou compliquées de carcinome hépatocellulaire.En France, la survie après TH est de 85,2% à 1 an et 62,6% à 10 ans (ABM). Il existe peu de données sur les causes de mortalité post TH à l’ère de l’immunosuppression (IS) moderne qui repose habituellment sur l’association tacrolimus-mycophénolate mofétil–corticoïdes. Le but de cette étude était de rapporter la mortalité après TH et les facteurs de risque associés à la mortalité à l’ère de l’IS moderne dans une cohorte multicentrique française.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes : Entre 2008 et 2013 en France, 6246 TH chez des adultes ont été réalisées. En raison de l’absence d’informations exhaustives dans la base de données de l’ABM il a été décidé de procéder à un échantillonnage de la population à hauteur de 20% (1249 TH), par centre de TH, afin de décrire de façon exhaustive cette cohorte. A ce jour, 259/1249 patients adultes ont déjà été inclus dans quatre centres de TH francais qui ont greffé 1292 patients sur la période 2008-2013. Les données cliniques et biologiques de la greffe et du suivi post-greffe sur la période 2008-2021 ont été analysées.
Résultats : La cirrhose liée à l’alcool était l’indication principale de TH chez 34 % des receveurs. La cohorte était majoritairement masculine (74%), l’âge moyen des receveurs était de 53 ±11,3 ans. Le suivi médian était de 8.28 [7,47] ans. La survie globale des patients à 1,5 et 10 ans après la greffe était de 84%, 72 % et 64%, respectivement. Il n’y avait pas de différence significative entre la survie de cette cohorte, celle de 6246 patients greffés en France sur la même période, celle de 1249 patients greffés (échantillonnage) et celle de 1253 patients greffés dans les 4 centres. 98(38%) patients sont décédés au cours du suivi: 23(23,5%) de cause hépatique (récidive CHC (13,2%)) et 75 (76,5%) de cause non-hépatique. Au cours de la première année, 41 patients (41%) sont décédés, dont 12(29%) de cause cardio-vasculaire. La mortalité tardive (>5 ans) était principalement de cause néoplasique (24%) (néoplasies de novo (21,5%)). Les facteurs de risque liées au décès étaient: l’étiologie de la malade initiale (alcool vs virus) (HR=1.8 [0.8-3.6]), l’âge pré-TH > 56 ans (HR = 1,63 [1.0-2.3]), le diabète pré-TH (HR=1,53 [0.9-2.3]), coronaropathie pré-TH (HR=2,19 [1.1-4.1]), la greffe pour cirrhose dysmétabolique (HR 3,45 [1.04-9.17]), DFG post TH > 60 vs <60 (HR 0,6 [0.4-0.9]), les complications vasculaires du greffon ( HR= 2,78 [1.4-5.2]) et néoplasie post-TH (HR=2,37 [1.4-3.6]) (p<0,05).
Conclusion : Les événements cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité post-greffe précoce, tandis que les cancers de novo sont la principale cause de mortalité tardive.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt
Références 1. Agence de la biomédecine – Le rapport annuel médical et scientifique 2017. https://www.agence-biomedecine.fr/annexes/bilan2017/donnees/organes/05-foie/synthese.htm. Accessed 31 May 2022
2. Watt KD, Pedersen RA, Kremers WK, Heimbach JK, Charlton MR. Evolution of causes and risk factors for mortality post-liver transplant: results of the NIDDK long-term follow-up study. Am J Transplant. 2010;10(6):1420–1427. doi:10.1111/j.1600-6143.2010.03126