Résumé n°CO_44
Incidence, diagnostics et devenir des nodules hépatiques non CHC détectés au cours des programmes de dépistage chez les patients avec cirrhose.
P. Nahon*, R. Layese, C. Chaffaut, N. Ganne-Carrié, E. Audureau (Bobigny, Créteil, Paris)
Introduction : Au-delà des problématiques de sensibilité du dépistage du carcinome hépatocellulaire (CHC) chez les patients avec cirrhose, la détection de lésions hépatiques d’autres natures complexifie les procédures diagnostiques. Le but de cette étude est de décrire l’incidence, les procédures diagnostiques et l’histoire naturelle des nodules hépatiques (NH) non-CHC détectés durant des programmes de dépistage du CHC appliqués chez des patients avec cirrhose.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes : Nous avons analysé les données des cohortes prospectives ANRS CirVir, INCa CIRRALet de l’essai CHC 2000 ayant suivi des patients avec cirrhose compensée inclus dans des programmes de dépistage du CHC. Les données issues des contre-rendus de radiologie ont été recueillies dans les CRF, les procédures diagnostiques ont été analysées (temps au diagnostic, nombre d’imagerie, réalisation d’une biopsie). Les incidences des différentes lésions (CHC vs NH non CHC), les caractéristiques des patients et leur survie ont été estimées.
Résultats : 3295 patients ont été analysés. Après un suivi de 57 mois, 1016 (31%) ont développé au moins un NH (incidence à 5 ans : 33%, Figure 1A). Après application d’une procédure diagnostique, 391 (39%) ont été considérés et traités comme des CHC (incidence à 5 ans : 12%). Les 625 (61%) nodules restants correspondaient à des NH non CHC (incidence à 5 ans : 21%). Ces lésions étaient plus fréquemment détectées chez des patients avec cirrhose non virale (32% vs 24%, P<0.001) , chez des patients plus jeunes (59 ans vs 62 ans, P<0.001), et avec une meilleure compliance au dépistage (temps médian entre les 2 derniers examens 5.9 mois vs 6.6 mois, P<0.001). Les procédures diagnostiques réalisées pour les NH non CHC ont été analysées chez 412 patients [dont 41 (9.9%) ayant nécessité une biopsie]. Un diagnostic était posé chez 157 (38.1%) patients [lésions vasculaires : 46, kystes : 40, angiomes : 32, nodules de régénération : 29, cholangiocarcinome : 5, nodules dysplasiques : 4, métastase : 1] alors que 179 (43.4%) restaient sans diagnostic et 76 (18.5%) nodules n’étaient pas confirmés au cours du suivi. La survie globale des patients avec NH non CHC (hors cancers) était similaire à celle des patients n’ayant jamais développé de nodule hépatique (survie à 5 ans 92% vs 88%, P= 0.19, Figure 1B). La mortalité extra-hépatique était la première cause de décès dans ces 2 groupes (61% vs 63%).
Conclusion : L’incidence des NH non CHC est élevée (20% à 5 ans) et correspond aux deux tiers des lésions détectées au cours des programmes de dépistage. Près de 20% de ces lésions ne sont pas confirmées, un diagnostic est posé dans plus d’un tiers des cas. La quasi-totalité de ces nodules sont bénins, le pronostic de ces patients étant similaire à celui des patients sans nodules détectés.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt
Figure 1
