Résumé n°EP_02
Antibiothérapie séquentielle prophylactique pour infections hépatique/biliaire récidivantes
J. Dumortier*, O. Guillaud, P. Valette, O. Boillot, D. Erard (Lyon)
Introduction : Les infections hépatiques/biliaires récidivantes sont rares et peuvent survenir dans différentes situations (maladie hépatique ou biliaire, antécédents chirurgicaux (hépaticojéjunostomie)). Le traitement des épisodes septiques aigus est basé sur les antibiotiques. Néanmoins, les infections récidivantes peuvent mettre en danger la vie du patient, et le traitement de la maladie sous-jacente peut être complexe, voire impossible. L’objectif de cette étude était de rapporter notre expérience sur l’antibiothérapie séquentielle prophylactique pour les infections hépatiques/biliaires récidivantes.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes : Tous les patients ayant reçu une antibiothérapie séquentielle prophylactique pour infections hépatique/biliaire récidivantes dans notre institution entre 2005 et 2020 ont été inclus. L’antibiothérapie séquentielle prophylactique était basée sur des antibiotiques per os ayant une activité antibactérienne attendue sur les bactéries digestives, principalement les bacilles à Gram négatif. Le critère de jugement principal était la réduction du nombre d’épisodes septiques à 1 épisode ou moins par an, et non sévère (ne nécessitant pas d’hospitalisation).
Résultats : Nous avons inclus 33 patients adultes et la principale maladie/condition initiale conduisant à la prophylaxie était un antécédent d’hépaticojéjunostomie (78,8%). L’âge médian au moment du début de la prophylaxie était de 63 ans (19-82).La fréquence des épisodes septiques a été calculée au cours de la dernière année avant la prophylaxie et variait de 1 à 10 par an (médiane : 3). La majorité des épisodes septiques avait nécessité une hospitalisation (57,6 %). La bactérie en cause n’a été identifiée que dans quelques cas (1/3) ; il s’agissait d’Escherichia coli (E. coli) dans presque tous les cas. L’antibiothérapie séquentielle prophylactique de première intention était la ciprofloxacine hebdomadaire (500 mg 1 fois) dans tous les cas. Le suivi médian après le début de l’antibiothérapie séquentielle prophylactique était de 89 mois (intervalle : 25-206). L’antibiothérapie de première intention a été efficace chez 24 patients, et maintenue chez 19 (57,6 %). L’efficacité globale (première, 2e et 3e lignes) était de 28/33 (84,8 %). Les antibiotiques utilisés en 2e et 3e ligne étaient le cotrimoxazole, le céfixime et/ou l’association amoxicilline-acide clavulanique. Les effets secondaires de l’antibiothérapie séquentielle prophylactique comprenaient un cas de tendinopathie, qui a conduit à l’arrêt du traitement, 12 ans après son instauration. Le patient était passé de la ciprofloxacine au céfixime.
Conclusion : Les résultats de notre étude avec un long suivi suggèrent que l’antibiothérapie séquentielle prophylactique peut prévenir avec succès les infections hépatiques/biliaires récidivantes avec une bonne tolérance, en particulier chez les malades présentant des angiocholites à répétition après hépaticojéjunostomie.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.