Résumé n°EP_31

Sécurité et activité antivirale d'erlotinib chez les patients atteints d'hépatite C chronique : un essai contrôlé randomisé de phase Ib

A. Saviano*, F. Habersetzer, J. Lupberger, P. Simo-Noumbissie, C. Schuster, M. Doffoël, C. Schmidt-Mutter, T. Baumert (Strasbourg)

Introduction : Un risque important de carcinome hépatocellulaire (CHC) persiste après guérison d’une infection chronique à virus de l’hépatite C (VHC). Des études précliniques ont montré que l’erlotinib, un inhibiteur oral de l’EGFR, a une activité antivirale et un effet chimiopréventif sur le CHC [1,2]. L’erlotinib est métabolisé dans le foie et sa sécurité chez les patients atteints d’HCC est inconnue. Cette étude visait à évaluer l’innocuité et l’activité antivirale de l’erlotinib chez les patients atteints d’une hépatite C chronique.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :  Dans cette étude prospective à dose unique croissante, de phase Ib, randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo, des patients non cirrhotiques et infectés par le VHC ont reçu du placebo ou de l’erlotinib (50 ou 100 mg/jour) pendant 14 jours avec un rapport placebo/erlotinib de 1 : 3 (Figure 1). Les principaux critères d’évaluation étaient la sécurité et la réduction de la charge virale à la fin du traitement (FDT). Le critère secondaire était la réduction de la charge virale 14 jours après la FDT.

Résultats :  Cette étude a analysé les données de 3 patients recevant un placebo, 3 erlotinib 50 mg/jour et 3 erlotinib 100 mg/jour. Un événement indésirable (EI) de grade 3 a été rapporté dans le groupe placebo (élévation des enzymes hépatiques), entraînant l’arrêt du traitement et le remplacement du patient, et un dans le groupe erlotinib 100 mg/jour (péricardite) qui n’a pas été considéré comme lié au traitement. Une éruption cutanée de grade 2 a été observée chez un patient recevant 100 mg/jour d’erlotinib.
Aucune réduction significative du niveau d’ARN-VHC n’a été notée au cours du traitement, mais 2/3 des patients du groupe erlotinib 100 mg/jour ont présentés une diminution > 0,5 log d’ARN-VHC 14 jours après la FDT dont un patient avec une réduction > 1 log (Figure 2).
Par rapport aux antiviraux à action directe, la cinétique du déclin viral est plus lente et une durée de traitement plus longue est probablement nécessaire, comme cela a également été montré pour l’inhibiteur d’entrée du VHD, le Bulevirtide [3,4]. L’inhibition de la réinfection cellulaire et de la propagation cellulaire, et l’apparition ultérieure de l’effet antiviral pourraient expliquer la réduction de l’ARN du VHC dans le groupe erlonitib 100 mg observée uniquement après la fin du traitement de 14 jours. [5]

Conclusion : Erlotinib s’est avéré sûr chez les patients non cirrhotiques atteints d’une hépatite C chronique. Une activité antivirale à 100 mg/j confirme un rôle fonctionnel de l’EGFR comme facteur hôte du VHC chez les patients. Ces résultats offrent des perspectives pour étudier erlotinib en tant qu’agent chimiopréventif du CHC chez les patients VHC.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.

Références [1] Lupberger J, Zeisel MB, Xiao F, Thumann C, Fofana I, Zona L, et al. EGFR and EphA2 are host factors for hepatitis C virus entry and possible targets for antiviral therapy. Nat Med 2011; 17:589-595. doi 10.1038/nm.2341.
[2] Fuchs BC, Hoshida Y, Fujii T, Wei L, Yamada S, Lauwers GY, et al. Epidermal growth factor receptor inhibition attenuates liver fibrosis and development of hepatocellular carcinoma. Hepatology 2014; 59:1577-1590. doi 10.1002/hep.26898.
[3] Bogomolov P, Alexandrov A, Voronkova N, Macievich M, Kokina K, Petrachenkova M, et al. Treatment of chronic hepatitis D with the entry inhibitor myrcludex B: First results of a phase Ib/IIa study. J Hepatol 2016; 65:490-498. doi 10.1016/j.jhep.2016.04.016.
[4] Loglio A, Ferenci P, Uceda Renteria SC, Tham CYL, Scholtes C, Holzmann H, et al. Safety and effectiveness of up to 3 years’ bulevirtide monotherapy in patients with HDV-related cirrhosis. J Hepatol 2021. doi 10.1016/j.jhep.2021.10.012.
[5] Zeisel MB, Fofana I, Fafi-Kremer S, Baumert TF. Hepatitis C virus entry into hepatocytes: molecular mechanisms and targets for antiviral therapies. J Hepatol 2011; 54:566-576. doi 10.1016/j.jhep.2010.10.014.

Figure 1

Figure 2