Résumé n°PP_07

Transplantation hépatique de patients en défaillances d’organes : étude des facteurs prédictifs de perte du greffon et de décès

S. Halter*, H. Brisson, C. Vezinet, J. Constantin, D. Eyraud, F. Conti, O. Scatton, A. Monsel (Paris)

Introduction : L’Acute-on-Chronic Liver Failure (ACLF) est une décompensation cirrhotique avec une ou plusieurs défaillances d’organes. Cette complication est associée à une mortalité élevée en l’absence de transplantation hépatique (TH) mais la TH peut s’avérer risquée et futile. L’objectif de cette étude était d’évaluer les facteurs prédictifs de perte du greffon et de décès au cours du suivi post-transplantation (durée maximale de 9 ans) chez des patients transplantés dans un contexte d’ACLF, avec une attention particulière portée sur l’évolution des patients dans les 48 heures précédant la greffe.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :  Etude observationnelle rétrospective monocentrique. Les patients cirrhotiques, hospitalisés depuis au moins 48 heures en réanimation, avec ACLF de grade 1 à 3 au jour de la transplantation hépatique étaient inclus. Différents scores de gravité étaient calculés 2 jours avant (J-2) et le jour de la TH (J0). Des analyses univariées et multivariées (modèle de Cox) étaient réalisées. Le critère de jugement principal était la survenue d’une perte du greffon (re-transplantation ou décès). Cette étude a reçu un avis favorable du Comité d’Éthique pour la Recherche en Anesthésie-Réanimation.

Résultats :  71 patients ont été inclus, parmi lesquels 24 ont présenté une perte du greffon au cours du suivi dont la durée médiane était de 31,9 mois (IC 95% [21,1 ; 43,6]). En analyse univariée, plusieurs facteurs liés à l’évolution des patients entre J-2 et J0 étaient retrouvés comme étant associés à la survenue d’une perte du greffon : augmentation du nombre total de défaillances d’organes, du MELD, du SOFA « Foie exclu » et du grade d’ACLF. Un score Child-Pugh au jour de la transplantation > 13 et le délai entre l’inscription sur liste de greffe et la transplantation étaient également associés à une perte du greffon. Aucun facteur lié au patient, à la situation pré-transplantation ou au donneur n’était retrouvé comme associé à la perte du greffon en analyse univariée. En analyse multivariée, les facteurs associés à la perte du greffon étaient l’augmentation du grade d’ACLF entre J-2 et J0 (HR 8,34 ; IC 95 % [2,73 ; 25,45] ; p < 0,001), le délai entre l’inscription sur liste de greffe et la transplantation en mois (HR 1,11 ; IC 95 % [1,01 ; 1,21] ; p = 0,024) et l’aggravation du SOFA « Foie exclu » (HR 0,10 ; IC 95 % [0,01 ; 0,81] ; p = 0,004). La présence d’une défaillance respiratoire au jour de la transplantation était également retrouvée comme associée à la perte du greffon mais avec un effet dépendant du temps (diminution de l’association avec le temps).

Conclusion : L’évolution des patients en ACLF au cours des 48 heures pré-transplantation semble impacter le pronostic au décours de la greffe. L’évolution des patients en ACLF dans les 48 dernières heures pourrait être un élément à prendre en compte dans la décision d’acceptation d’un greffon, et donc, du moment de réalisation de la transplantation.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.