Résumé n°PP_08
Les gènes impliqués dans la beta oxydation des acides gras (FAO) sont différemment exprimés selon l'étiologie du CHC : CHC-MAFLD versus CHC-HBV
N. Abeywickrama Samarakoon*, B. Buchard, E. Pujos-Guillot, S. Durand, M. Petera, D. Centeno, F. Guerrieri, M. Levrero, A. Demidem, A. Abergel (Clermont-Ferrand, Lyon)
Introduction : Les principales causes du carcinome hépatocellulaire (CHC) sont les infections virales hépatites B et C, les ALD et la stéatose hépatique associée aux maladies du métabolisme (MAFLD). La MAFLD concerne 25 % des adultes dans le monde et représente la principale étiologie du CHC. Nous avons récemment rapporté différents profils d’acylcarnitines dans le tissu tumoral de CHC-MAFLD en fonction de la sévérité de la fibrose CHC-F3F4 vs CHC-F0F1. Ces résultats métaboliques suggèrent une dérégulation de la lipogenèse de novo (LDN) et FAO.
Dans cette étude, nous avons analysé l’expression de 21 gènes
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes : impliqués dans la glycolyse (LDHA, LDHB, HK2), la néoglucogenèse (FBP1), le catabolisme des BCAA (BCAT1, BCAT2), la LDN (CS, ACLY, ACC1, ACC2, FASN, SCD1, SREBP1) et la FAO (CPT1, CPT2, ACADS, ACADVL, HADHA, CRAT, CROT, PPARA).
Le but de ce travail est d’examiner le profil d’expression de ces gènes selon d’une part la sévérité de la fibrose dans le CHC-MAFLD et d’autre part selon l’étiologie du CHC : MAFLD vs HBV.
Méthodes: Notre cohorte comprend des tissus hépatiques humains tumoraux (TT) et non tumoraux (NTT) : 10 CHC-HBV et 40 CHC-MAFLD répartis en 2 groupes (20 patients dans chaque groupe
Résultats : F0F1/F3F4). Les ARN totaux extraits d’un total de 100 échantillons ont été soumis à qRT-PCR ou à une analyse par ARN-seq pour une analyse différentielle de l’expression génique. Pour chaque groupe, le CHC a été comparé à son propre NTT.
Résultats: Premièrement, l’analyse comparative de l’expression des gènes dans les CHC-MAFLD attestent d’une différence significative dans l’expression de PPAR alpha et de FBP1 selon l’état de la fibrose tandis que l’expression des autres gènes reste inchangée.
Deuxièmement, CHC-MAFLD et CHC-HBV partagent le même profil d’expression (up-régulation) des gènes impliqués dans la LDN (CS, ACLY, ACC1, FASN, SCD1).
Enfin, troisièmement, CHC-MAFLD diffère du CHC-HBV par l’expression de 4 gènes impliqués dans la voie de la FAO. En effet, HADHA, CRAT, CPT1 et CPT2 sont up-régulés dans CHC-MAFLD, TT vs NTT ; tandis que l’expression de ces mêmes gènes sont down-régulés dans le TT du CHC-HBV (test de Wilconxon, p < 0,05).
Ainsi, nos résultats montrent pour la première fois une différence d’expression de CPT1 et CPT2 en fonction de l’étiologie : ces deux gènes sont surexprimés dans le CHC-MAFLD alors qu’on note une diminution de leur expression dans le CHC-HBV comme cela a été rapporté dans d’autres études (Lu et al., Mol Carcinog. 2018; Fujiwara et al., Gut 2018).
Conclusion : Dans le CHC-MAFLD, la FAO serait activée en réponse à une surcharge lipidique.
Nos données seraient en désaccord avec le dogme selon lequel l’activation simultanée de la FAO et la LDN n’est pas possible dans les cancers.
Nos résultats fournissent les bases fondamentales qui permette:
1) une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans la FAO.
2) d’envisager la modulation de la FAO par des drogues chez l’animal puis chez les patients atteints d’un CHC-MAFLD.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.