Résumé n°PP_10

Un antécédent d’hémorragie digestive liée à l’hypertension portale est associé à un risque de récidive hémorragique chez les patients cirrhotiques traités par Atezolizumab-Bevacizumab pour un CHC avancé

E. Larrey*, B. Campion, M. Evain, P. Sultanik, H. Giudicelli, M. Wagner, P. Cluzel, M. Rudler, D. Thabut, M. Allaire (Paris)

Introduction : L’atezolizumab-bevacizumab est le nouveau standard de traitement du carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé. Aucune donnée concernant l’impact de ce traitement sur l’hypertension portale (HTP) n’est disponible. Nos objectifs étaient d’étudier les variations de certains paramètres liés à l’HTP sous traitement et d’identifier des facteurs prédictifs de rupture de varices oesophagiennes (RVO) sous traitement.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :  Nous avons inclus de façon prospective tous les patients cirrhotiques traités par Atezolizumab-Bevacizumab depuis septembre 2020 à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière. Les variations de l’HTP étaient évalués par la réalisation d’une endoscopie digestive et une mesure du gradient de pression porto-sus-hépatique (GPH) avant et à 6 mois du début du traitement par Atezolizumab-Bevacizumab. L’influence des caractéristiques initiales sur les évènements au cours du suivi était évaluée selon la méthode de Kaplan-Meier puis par analyse uni et multivariée selon un modèle de Cox.

Résultats :  43 patients ont été inclus (hommes 79%, âge médian 65 ans, Child-Pugh A 86%). A l’inclusion, 50 % des patients étaient traités par anticoagulation curative, 16% avaient déjà présenté une RVO et 50% avaient des VO (28% de VO de grande taille). Lorsqu’elle était recommandée, une prophylaxie primaire ou secondaire de la RVO était systématiquement proposée et bien conduite pour l’ensemble de nos patients. Une invasion vasculaire était présente dans 60% des cas, le GPH médian était de 8,5mmHg et 54% présentaient un taux de plaquettes <150 000/mm3. Aucune modification significative du GPH ainsi que de la taille des VO n’était observée à 6 mois dans l’ensemble de la cohorte mais également en considérant la réponse au traitement et l’invasion vasculaire. Après un suivi médian de 7 mois, 14% ont présenté une RVO dans un délai médian de 3 mois. Parmi ces 6 patients, 4 avaient des ATCD de RVO, 4 présentaient une invasion vasculaire et 4 étaient sous anticoagulation curative. Aucun d’entre eux n’est décédé des suites de l’épisode hémorragique. En analyse univariée, un antécédent de décompensation ascitique (HR=5,51, p=0,05) et de RVO (HR=14,1,p=0,002) étaient associés à la survenue d’une RVO mais pas la présence d’une anticoagulation (p=0,17), ni de VO (p=0,59), ni d’une invasion vasculaire (p=0,32). En analyse multivariée, seul l’antécédent de RVO (HR=10,58, p=0,03) était associé à la RVO.

Conclusion : Au cours du suivi, une RVO est survenue chez 14% des patients traités par Atezolizumab-Bevacizumab malgré une prophylaxie de la RVO bien conduite mais aucun de nos patients n’est décédé dans les suites de l’épisode hémorragique. Un antécédent de RVO était associé à un risque de récidive hémorragique, remettant ainsi en question l’utilisation du bevacizumab dans ce contexte.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.