Résumé n°CO_16
Infection chronique au VHB : impact de la coinfection VHD et du traitement avec interféron sur la mortalité et les complications hépatiques dans la cohorte Française, multicentrique, prospective et observationnelle de l’ANRS CO22 HEPATHER
L. Parlati*, GP. Pageaux, S. Métivier, T. Decaens, G. Riachi, V. Leroy, V. Ozenne, JC. Duclos Vallée, I. Rosa, V. Loustaud-Ratti, P. Mathurin, J. Gournay, M. Gelu-Simeon, J. Bellet, J. Nicol, F. Carrat (Paris, Montpellier, Toulouse, Grenoble, Rouen, Créteil, Villejuif, Limoges, Lille, Nantes, Pointe À Pitre)V
Introduction :
La coinfection VHB-VHD est l’hépatite virale la plus sévère avec la morbidité et la mortalité les plus élevées. Les nouveaux traitements pour le VHD vont modifier l’histoire naturelle des patients coinfectés VHB-VHD. L’objectif de notre étude est d’évaluer le pronostic de patients avec coinfection VHB-VHD et l’impact du traitement par interféron (IFN) en termes de mortalité et de complications hépatiques.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Nous avons conduit une étude multicentrique, nationale française, prospective, observationnelle entre Aout 2012 et Avril 2023. L’incidence des complications hépatiques (décompensation de la cirrhose et survenue de CHC), de la transplantation hépatique et de la mortalité ont été analysées en fonction du statut VHD et de l’antécédent de traitement par IFN chez tous les patients de la cohorte avec un diagnostic d’infection chronique VHB. Les risques relatifs (RR) ont été calculés par une analyse multivariée.
Résultats :
Parmi les 3958 patients avec AgHBs positif et une sérologie VHD disponible, 205 (5,2%) étaient VHD positifs. Le 66% des patients coinfectés VHB-VHD étaient des hommes avec un âge moyen de 43 (35-52) ans et 151 (73,6%) avaient été traités par IFN. Par rapport aux patients mono-infectés VHB, les patients avec coinfection VHB-VHD étaient plus jeunes (43 vs 45 ans, p=0,01), plus fréquemment africains (58% vs 43%, p<0,0001) et cirrhotiques (39% vs 13%, p<0,0001).
Après un suivi médian de 5,9 (3,9-7,2) années, l’incidence de décès, transplantation hépatique, CHC et décompensation de cirrhose chez les patients coinfectés comparés aux patients mono-infectés était respectivement de 1,6 (0,9-2,5) vs 0,9 (0,8-1,1) /100pa (p=0,04), 1,1 (0,55-1,86) vs 0,12 (0,08-0,18) /100pa (p<0,0001), 1,7 (1,0-2,6) vs 0,6 (0,5-0,7) /100pa (p=0,0002), 1,36 (0,76-2,24) vs 0,23 (0,17-0,30) /100pa (p<0,0001).
En analyse multivariée, la coinfection VHB-VHD (RR 2,7 ; 95%CI (1,55-4,70)), la cirrhose (RR 2,65 ; 95%CI (1,83-3,84)), un âge plus avancé (RR 1,06, 95%CI (1,05-1,08)) et le diabète (RR 1,56 ; 95%CI (1,02-2,40)) étaient significativement associés à la survenue de complication hépatique, de transplantation hépatique et de décès, tous confondus, sans aucun effet du traitement préalable par IFN (tableau 1).
Conclusion :
La coinfection VHD augment de risque de complications hépatiques, de transplantation et de décès chez les patients VHB. Le traitement par interféron ne réduit pas significativement la morbi/mortalité de ces patients, mettant en évidence la nécessité de traitements plus efficaces dans cette population.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt
Figure 1 :
