Résumé n°CO_28

Pose de TIPS avant une chirurgie bariatrique chez des patients atteints de cirrhose et d’obésité morbide

R. Pais*, Y. Chouik, L. Moga, L. Lebedel, C. Silvain, J. Dumortier, L. Genser, M. Robert, D. Weil, H. Larrue, E. Malézieux, C. Jézéquel, V. Ratziu, D. Thabut, M. Rudler (Paris, Lyon, Clichy, Caen, Poitiers, Besançon, Toulouse, Montpellier, Rennes)

Introduction :
Avec l’augmentation de la prévalence de la stéatopathie métabolique, de plus en plus de patients (pts) atteints de cirrhose seront candidats à la chirurgie bariatrique.   L’hypertension portale cliniquement significative (HTPCS) augmente la morbi-mortalité après chirurgie abdominale au cours de la cirrhose. Notre objectif était d’évaluer l’impact de la pose pré-opératoire de TIPS (transjugular intrahepatic portosystemic shunt) sur le pronostic de pts cirrhotiques après chirurgie bariatrique.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Étude multicentrique rétrospective de pts atteints de cirrhose prouvée histologiquement ou étayée par des méthodes non invasives traités par chirurgie bariatrique. L’évaluation du gradient de pression hépatique (GPH) et la pose de TIPS avant la chirurgie bariatrique étaient décidées selon la politique de chaque centre. Le critère principal de jugement était la survie à un an sans décompensation chez les patients ayant bénéficié d’un TIPS (groupe-TIPS (g-TIPS) ou pas (groupe sans TIPS (g-sans-TIPS). Les critères secondaires de jugement étaient le développement d’une acute-on-chronic liver failure (ACLF) ou d’une décompensation aiguë à 28, 42, 90 jours et un an 1 après chirurgie bariatrique.

Résultats :
Entre 2010 et 2021, 50 pts ont été inclus dans 10 centres (Child A 92%, score de MELD 8 (6-13), 46% hommes, âge 55±12 ans, IMC 38.3±13 kg/m2, by-pass 56%, pose de TIPS 18%). L’âge, l’IMC, la présence de diabète, ou la procédure chirurgicale étaient similaires dans les 2 groupes. Les pts du g-TIPS avaient présenté plus de décompensations (22% vs 0%, p=0,002), plus de varices œsophagiennes de grande taille (56% vs 0%, p<0.001), un GPH plus élevé (14 (11-19) vs 7 (6.5-8) mmHg, p<0,001), et un score de MELD plus élevé (10 (9.5-11) vs 7 (7-8), p=0,01). Après pose TIPS, le GPH avait diminué à 7 (3-7) mmHg (p=0,027), et était similaire à celui des patients du g-sans-TIPS. La durée d’hospitalisation après chirurgie et la perte de poids à 1 an étaient similaires dans les 2 groupes (4 (2-5) vs 3 (2-4) jours p=0,77) et (33±10 vs 31±13 kg, p=0,85). La survie à un an sans décompensation était de 80% (g-TIPS) et de 90% (g-sans-TIPS), p=0.53. Tous les pts étaient vivants à 1 an. 2 pts du g-sans-TIPS ont présenté une ACLF résolutive après la chirurgie. Le score de MELD score était significativement plus élevé dans le g-TIPS à J 28, 42 et 90 (p<0,001). Le score de MELD à 1 an (8 (6-15) vs 7(7-9), p=0,70) et la survenue d’une décompensation à 1 an (20% vs 11%, p=0,53) étaient similaires dans les 2 groupes.

Conclusion :
Chez les pts avec HTPCS , la pose d’un TIPS était possible et sûre chez des candidats à la chirurgie bariatrique. Elle permettait de réduire le GPH à un niveau similaire de celui des patients sans HTPCS. Le pronostic après chirurgie bariatrique était similaire dans les 2 groupes de pts. La pose de TIPS semble être une option chez certains patients avec HTPCS avant chirurgie bariatrique.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt