Résumé n°CO_30

Résultats à long-terme de la transplantation hépatique en contexte d’acute-on-chronic liver failure grade 3

F. Artru*, SC. Sacleux, J. Ursic-Bedoya, C. Levy, M. Khaldi, C. Le Goffic, E. Levesque, P. Ichaï, GP. Pageaux, P. Mathurin, M. Meszaros, A. Coilly, F. Saliba, A. Louvet, C. Monnet, S. Jaber (Rennes, Villejuif, Montpellier, Lille)

Introduction :
La survie à court terme des patients transplantés hépatiques (TH) dans le cadre d’un acute-on-chronic liver failure de grade 3 (ACLF-3) semble acceptable. Cependant, les données à long-terme définissant l’utilité des greffons, principe majeur pour l’allocation des ressources médicales limitées, sont limitées et contradictoires. Notre objectif était d’étudier les résultats à long terme de la TH chez ces patients et de les comparer à ceux de patients appariés sans ACLF et avec ACLF 1 et 2 au jour de la TH. 

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Entre 2008 et 2014, tous les patients ayant bénéficié d’une TH en contexte d’ACLF-3 (n = 73) dans trois centres français ont rétrospectivement été inclus et appariés selon le sexe et l’âge à des patients contrôles issus de ces mêmes centre et sur la même période ayant été transplantés en contexte d’ACLF 2 (n = 145), 1 (n = 119) et sans ACLF (n = 292). Nous avons exploré les survies des patients et des greffons à 5 et 10 ans, les causes de décès et leurs facteurs prédictifs.

Résultats :
Les patients avec ACLF-3 au jour de la TH avait un âge médian de 57 ans et un score MELD médian à 40. L’alcool était la principale cause de cirrhose (53 %) et le choc septique (49 %)  la principale raison d’admission en réanimation. Le suivi médian était de 9 ans. Chez les patients atteints d’ACLF 3, 2, 1 et sans ACLF, les survies des patients à 5 et 10 ans étaient respectivement de 73 % vs. 71 % vs. 76 % vs. 79 % (p = 0,3) et de 57 % vs. 58 % vs. 59 % vs. 65 % (p=0,3). Le grade ACLF n’était pas associé à la survie à 5 (RR 1,1, IC à 95 % : 0,95-1,29, p = 0,16) et 10 ans (RR 1,1, IC à 95 % : 0,97-1,22, p=0,11). Les survies des greffons à 5 et 10 n’étaient pas différentes (p=0,4 et p=0,3). À 10 ans, chez les patients ACLF-3, les principales causes de décès (n=30) étaient les infections (33 %) et les événements cardiovasculaires (23 %), et les causes de retransplantation (n=5) étaient le rejet chronique (60 %) et les complications biliaires (40 %). En analyse multivariée, les paramètres au jour de la TH indépendemment associés à la survie à 5 et 10 ans étaient l’index de comorbidité de Charlson (CCI) (p=0,009 et p=0,019)  et le nombre de culots de globules rouges (CGR) transfusés (p=0,0001 et p=0,0003) tandis que l’âge, l’étiologie de la cirrhose, le score MELD, la sarcopénie et  le donor risk index (DRI) ne l’étaient pas.

Conclusion :
Les survies des patients et des greffons à 5 et 10 ans chez les patients avec ACLF-3 ne différaient pas de celles de leurs témoins appariés et étaient supérieures aux seuils (50-70% à 5 ans) définissant l’utilité du greffon. Pour optimiser les résultats de la TH dans ce contexte, il est important de prendre en compte le CCI avant TH et prévenir les évènements infectieux et cardiovasculaire après TH.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Remerciements :
Pr Emmanuel Boleslawski, Pr Gilles Lebuffe, Dr Eleonora De Martin, Pr Eric Vibert, Dr Astrid Herrero, Pr Didier Samuel.

Figure 1 :