Résumé n°CO_32
Cancers de novo après une transplantation hépatique et le rôle de l’évérolimus : une cohorte nationale française
I. Kounis*, C. Desterke, N. Goutte, A. Coilly, D. Samuel, D. Azoulay, E. Vibert, P. Landais, C. Feray (Villejuif)
Introduction :
Les cancers de novo (CDN) survenant après une transplantation hépatique (TH) ont été signalés comme l’une des principales causes de mortalité post-transplantation. L’évérolimus est fréquemment prescrit aux patients présentant un CDN après une TH et à ceux qui sont exposés à un risque de récidive du cancer. L’objectif de l’étude était d’évaluer le rôle potentiel de l’évérolimus dans l’apparition de CDN post TH et dans la survie des patients après l’apparition du cancer.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Le système national français de données de santé (SNDS), relié à la base de données hospitalières nationale (PMSI), contient des informations sur 99% de la population française pour les codes CIM-10, actes médicaux, médicaments et statut vital. Par ce cystème nous avons inclus des adultes transplantés hépatiques du 01/01/2009 au 01/01/2020 avec ordonnance identifiée. Les critères de jugement était le taux d’apparition de CDN après TH (principal) et taux de survie globale (secondaire). Nous avons réalisé une comparaison entre les patients ayant reçu un traitement à l’évérolimus après une TH et ceux qui n’en ont pas reçu pendant le suivi . Nous avons utilisés des des modèles de Cox avec pondération (score de propension) et analyse time-exposure cox pour éviter les biais d’immortalité.
Résultats :
Au total, 7 964 transplantés hépatiques avec une prescription médicale ont été inclus. Le suivi médian était de 4,3 [2,2, 6,8] années. Le groupe recevant de l’évérolimus (2 453 patients) et le groupe ne recevant pas d’évérolimus (5 511 patients) présentaient des caractéristiques similaires en termes de sexe, d’âge et de comorbidités. Nous avons observé une apparition totale de 216 cancers ORL (2,71% des patients), suivi de 232 dysmyélopoïèses (2,91%), 213 cancers de la peau (2,67%), 180 cancers du poumon (2,26%), 100 lymphomes (1,25%), 88 cancers colorectaux (1,10%), 87 cancers de la prostate (1,09%), 50 cancers de la vessie (0,63%) et 38 cancers des organes génitaux féminins (0,48%). L’analyse de l’incidence cumulée du risque d’apparition de cancer par site entre le groupe traité par l’évérolimus et celui qui ne l’a pas été n’était pas significativement différente, à l’exception de la dysmyélopoïèse (HR: 0,3 [0,13, 0,63], p < 0,005) (Figure 1). La survie globale après l’apparition de cancer était statistiquement plus importante dans le groupe non traité avec l’évérolimus pour chaque site de cancer (Figure 2).
Conclusion :
Les CDN surviennent chez au moins 13% des adultes après une TH. Le dépistage systématique est clairement insuffisant compte tenu de la faible survie observée après leur détection. Plus surprenant encore, l’action antitumorale de l’évérolimus chez les receveurs pour prévenir les néoplasies de novo n’est pas clairement démontrée.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intéret
Références : 1) Dumortier J, et al. Use of everolimus in liver transplantation: The French experience. Transplant Rev (Orlando). 2016 Jul
2) Saliba F, et al. Five-year outcomes in liver transplant patients receiving everolimus with or without a calcineurin inhibitor: Results from the CERTITUDE study. Liver Int. 2022 Nov
3) Allaire M, et al. De Novo Primary Liver Cancer After Liver Transplantation: A French National Study on 15803 Patients. Exp Clin Transplant. 2018 Dec
Figure 1 :

Figure 2 :
