Résumé n°CO_33

Immunothérapie anticancéreuse après transplantation hépatique : étude de cohorte française

E. De Martin*, T. Antonini, MN. Hilleret, T. Decaens, M. Allaire, A. Del Bello, F. Conti, G. Amaddeo, C. Besch, M. Neau-Cransac, M. Ningarhari, S. Dharancy, F. Saliba, O. Rosmorduc, J. Dumortier, A. Coilly (Villejuif, Lyon, Grenoble, Paris, Toulouse, Créteil, Strasbourg, Bordeaux, Lille)

Introduction :
L’utilisation des « immune checkpoint inhibitors » (ICI) dans le contexte de la transplantation hépatique (TH) est encore débattu compte tenu du risque potentiel de rejet aigu, rapporté chez environ 40% des patients traités. Cependant les séries sont hétérogènes et les facteurs de risque de rejet n’ont pas été clairement identifiés. Le but de cette étude est d’analyser les caractéristiques des patients traités par ICI après TH et identifier les facteurs de risque de rejet.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Il s’agit d’une étude rétrospective, multicentrique française qui a inclus des patients adultes ayant reçu un ICI (anti-PD1, anti-PDL1 ou anti-CTLA4) après TH pour récidive de carcinome hépatocellulaire (CHC) ou pour cancer de novo. La mise en place du traitement par ICI et la gestion de l’immunosuppression étaient à la discrétion des centres. Les variables quantitatives sont exprimées par la médiane et l’interquartile (IQR 1er et 3eme quartile), les variables qualitatives par le nombre et le pourcentage. Les tests utilisés pour l’analyse étaient Mann-Whitney et Fischer, respectivement

Résultats :
Trente patients ont été inclus, 24 (80%) hommes, âge médiane 61 (55;65) ans. Douze (40%) patients ont été transplantés pour cirrhose éthylique et 8 (27%) pour cirrhose virale C, 24 (80%) patients avaient un CHC. Le délai médian entre la TH et le diagnostic du cancer était de 3,12 (1,24 ; 8,71) ans, dont une récidive du CHC chez 17 (57%) patients. Les ICI utilisés étaient: anti-PD1 chez 12 (40%) et anti-PDL1 chez 18 (60%) des patients. Le délai médian entre la TH et l’introduction de l’ICI était de 5,14 (2,64 ; 9,78) ans. L’immunosuppression a été augmentée a priori chez 16 (53%) patients avant l’administration d’ICI. Six (20%) patients ont développé un rejet aigu. Les patients qui ont développé un rejet par rapport aux autres étaient moins fréquemment sous tacrolimus (33% vs 83%, p=0,029) et plus souvent traités par un seul immunosuppresseur (67% vs 12%, p=0,035). De plus, la durée du traitement par ICI était significativement plus courte (p=0,023) et le nombre d’injections significativement inferieur (p=0,012) chez les patients avec rejet (Table 1).
Vingt-un (70%) patients sont décédés dont 4 (67%) en lien avec le rejet. La survie après le début de l’ICI était similaire chez les patients sans ou avec rejet (5,65 vs 2,85 mois, p=0.21).

Conclusion :
La survie des patients traités par ICI post-TH est faible à cause de la progression de la maladie oncologique. Le rejet, moins fréquent qu’en littérature, été fatal dans la majorité des cas. Le rejet semble se développer rapidement après l’introduction de l’ICI. Parmi les facteurs de risque de rejet, une monothérapie immunosuppressive et l’absence de tacrolimus sont retrouvée et donc à éviter.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Remerciements : Le group national de transplantation hépatique GReF2.

Figure 1 :