Résumé n°CO_34

Etude VACCIR : Evaluation de la couverture vaccinale contre Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, pneumocoque, hépatites A et B, grippe saisonnière et SARS-COV2 des patients atteints de cirrhose suivis dans 17 hôpitaux généraux français

A. Baron*, JF. Cadranel, JA. Seyrig, FX. Laborne, F. Skinazi, X. Causse, C. Lemaitre, S. Bellon, J. Verlynde, I. Rosa, F. Ehrhard, G. Macaigne, A. Boruchowicz, G. Allard, P. Strock, S. De Montigny-Lenhardt (Corbeil Essonnes, Creil, Pontivy, Saint Denis, Orléans, Le Havre, Avignon, Dunkerque, Créteil, Lorient, Jossigny, Valenciennes, Aix-En-Provence, Carcassonne, Aubagne)

Introduction :
La cirrhose expose à un surrisque d’infections grave responsables de décompensation de l’hépatopathie et de décès. La vaccination est un moyen préventif simple et efficace. La vaccination contre le pneumocoque, la grippe saisonnière, le SARS COV2, les hépatites  A et B chez tous les patients avec hépatopathie est recommandée en France.  Il existe peu de donnée récentes sur la couverture vaccinale chez les patients cirrhotiques, mais les quelques données disponibles suggèrent qu’elle est faible.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Cette étude française, prospective, multicentrique, menée entre le 27/09/2021 et le 27/12/2022, dans 17 centres hospitaliers généraux avait comme objectif d’estimer via un questionnaire, la couverture vaccinale de patients cirrhotiques, suivis depuis plus de six mois, contre DTpolio, grippe, VHA, VHB, pneumocoque et SARS COV2. Les patients ayant une contre-indication vaccinale ou une immunosuppressions surajoutées non liée à leur hépatopathie étaient exclus. Les sous-groupes selon le stade de gravité de la cirrhose, la précarité sociale seront décrits et comparés. Les facteurs associés à un statut vaccinal incomplet seront analysés par un modèle de régression logistique uni et multivarié. Les cas d’infection ont été colligés selon le statut vaccinal afin d’en estimer l’efficacité.

Résultats :
728 questionnaires ont été analysés comportant 70% d’hommes (n=511), ayant 58.2 ans d’âge médian, une cirrhose souvent éthylique (63% n=461), child A majoritairement (79% n=549). Au moment du diagnostic, les taux de vaccinations contre DTP, VHA, VHB, grippe et pneumocoque étaient respectivement de : 51%, 3%, 12%, 22% et 4%. Les pourcentages de vaccinations de novo réalisées plus de six mois après le diagnostic, sont de 38% pour le DTP (n = 274), 6% pour le VHA (n= 30/481), 10% pour le VHB (sur la population éligible au vaccin non immunisées au préalable) (n=45/468)) dont 50% de vaccination complète uniquement, 19% pour le pneumocoque (n=141) dont 79% de vaccination complète, 69% contre la grippe (n=503), et 94% contre le SARS COV2 (N=686). Les vaccins sont majoritairement prescrit par le médecin traitant et le contrôle sérologique est exceptionnel. La principale cause de non vaccination est la non prescription. Parmi les non vaccinés, les infections ne sont pas rares (4 infections VHA, 3 VHB, 16 grippes, 27 COVID dont 2 sévères). En analyses uni et multivariées, la couverture vaccinale ne différait pas selon la gravité de la cirrhose. La précarité était associée à un moins bon accès aux vaccins DTP et SarsCOV2 et un meilleur pour le pneumocoque. 

Conclusion :
La couverture vaccinale des patients cirrhotiques contre le pneumocoque, le VHA et le VHB est très insuffisante en France et responsable d’infections fréquentes et parfois sévère, alors que celle contre le SARS COV2 et contre la grippe est satisfaisante. Le médecin traitant est le principal prescripteur mais l’hépatologue doit désormais s’impliquer pour une politique vaccinale plus efficiente.    

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt