Résumé n°CO_38

Traitement hospitalier des troubles de l’usage de l’alcool après hépatite alcoolique aiguë sévère: étude rétrospective Nationale de survie entre 2012 et 2021

L. Parlati*, C. Mouliade, S. Bouam, M. Corouge, D. Karinthi, A. Vallet-Pichard, V. D’Halluin Venier, A. Benyamina, A. Louvet, E. Nguyen Khac, S. Pol, P. Sogni, V. Mallet (Paris, Lille, Amiens)

Introduction :
Les bénéfices du traitement hospitalier des troubles de l’usage de l’alcool après une hépatite alcoolique aiguë sévère (HAAs) sont incertains. Les données sur ce sujet sont limitées. L’objectif cette étude était d’évaluer le risque de transplantation hépatique ou de décès survenant dans l’année suivant une HAAs.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Etude rétrospective longitudinale portant sur l’ensemble des patients diagnostiqués avec des troubles d’usage de l’alcool dans les hôpitaux français entre 2012 et 2021 (N = 1 438 236). Nous avons restreint notre échantillon aux patients avec soit, une insuffisance hépatique, un saignement relié à une hypertension portale, une défaillance d’organe extra-hépatique ou une biopsie hépatique transjugulaire, enregistrés dans les 8 semaines suivant un épisode d’HAAs. Notre principale variable d’exposition était un sevrage hospitalier suivant une HAAs. Nous avons mesuré les associations avec des modèles de Cox multivariés, en tenant compte de l’âge, du sexe, de la gravité initiale de l’HAAs, du sepsis (bactérien et/ou fongique), des comorbidités majeures et du niveau de privation sociale.

Résultats :
Nous avons inclus 25 368 patients ; l’âge médian (écart interquartile) était de 54,0 (47,0 ; 61,2) ans et la majorité (72,9 %) des patients étaient des hommes. Durant la période d’observation (61 180,65 patients-années), 24 % des patients étaient décédés (n= 5 544) ou avaient eu une transplantation hépatique (n=664). Un sevrage d’alcool avait été enregistré comme diagnostic principal (sevrage complexe) dans 17 % des cas et comme un diagnostic associé dans 19 % des cas. Les probabilités de survie à 1 an (intervalle de confiance à 95 %) étaient de 86,8 % (85,7-87,9), 76, 9% (75,6-78,1) et 69,8 % (69,1-70,5) lorsqu’un sevrage complexe était enregistré, lorsqu’un sevrage était enregistré comme diagnostic associé, et sans sevrage enregistré, respectivement (P<0,001 avec le test du log-rank, voir figure 1). Un sevrage complexe était associé à une réduction de 49 % du risque de décès ou de transplantation hépatique à 1 an [rapport de risque ajusté 0,51 (IC à 95 % 0,45-0,58) P<0,001]. Un sevrage enregistré comme diagnostic associé était associé à une réduction de 26 % du risque de décès ou de transplantation hépatique à 1 an [rapport de risque ajusté 0,74 (IC à 95 % 0,68-0,81) P<0,001].

Conclusion :
Le traitement des troubles de l’usage de l’alcool est une intervention critique pour réduire la mortalité ou la transplantation hépatique dans l’année suivant une HAAs. Seulement 35% des patients ont actuellement accès à ce traitement après une HAAs en France.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Figure 1 :