Résumé n°EP_04
Echinococcose alvéolaire : Utilisation de l’Amphotéricine B en cas d’impasse thérapeutique
C. Richou*, F. Grenouillet, G. Simon, P. Calame, E. Frentiu, B. Guerin, B. Denis, G. Gargala, V. Di Martino, D. Weil-Verhoeven, S. Bresson-Hadni (Besançon, Nancy, Rodez, Colmar, Rouen)
Introduction :
Le traitement de l’échinococcose alvéolaire (EA) repose sur les benzimidazolés (BZM) en encadrement de la chirurgie ou à vie en cas de lésion inopérable. Il n’y a pas d’autre option médicamenteuse validée en cas d’arrêt prématuré des BZM pour toxicité ou échec. L’amphotéricine B est efficace in vitro et son utilisation a été rapportée en seconde ligne de traitement chez l’homme. Nous rapportons notre expérience de son utilisation chez des patients atteints d’EA intolérants aux BZM.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Au sein de notre cohorte de patients atteints d’EA, nous en avons identifiés 7 traités par amphotéricine B liposomale (AMB-L). Les données suivantes ont été recueillies : date de diagnostic de l’EA, chronologie et motif d’interruption des traitements par BZM, posologie, durée et effets secondaires du traitement par AMB-L, évolution sérologique notamment du taux des anticorps anti-Em18 (Elisa, Bordier Affinity Products) considéré comme un marqueur de viabilité parasitaire et évolution des lésions d’EA à l’imagerie. Deux situations ont été individualisées : recours à l’AMB-L en l’absence de toute option chirurgicale possible (traitement de sauvetage) et encadrement d’un geste chirurgical potentiellement curatif par l’AMB-L. Les patients ont été informés de l’utilisation hors AMM de l’AMB-L.
Résultats : Sept patients ont reçu de l’AMB-L : 1 pour échec des BZM et 6 pour intolérance. En situation de sauvetage, les lésions sont restées stables sous AMB-L chez 2 patients (localisation rachidienne pour l’un et ganglionnaire pour l’autre) motivant la poursuite de l’AMB-L respectivement depuis 53 et 27 mois avec obtention d’une négativation de l’Elisa Em18 dans 1 cas. L’AMB-L a été stoppé à 5 mois pour inefficacité chez le 3ème patient en situation de sauvetage. Pour les 4 autres patients, l’AMB-L a encadré un geste chirurgical : 1 transplantation hépatique, 3 résections hépatiques associées dans 2 cas à la résection de lésions extra hépatiques (localisations péritonéales dans 1 cas et lésion inter-hépato-pancréatique dans un autre cas). Un patient est décédé 8 mois après la chirurgie. Aucun des 3 autres patients opérés ne présente d’argument morphologique en faveur d’une récidive de l’EA. L’Elisa Em18 décroît régulièrement chez le patient transplanté hépatique avec un recul post opératoire de 21 mois. Il est négatif chez les 2 autres patients avec un recul post opératoire respectivement de 5 ans et de 10 mois. La plupart des patients ont reçu une posologie de 3 mg/kg une à trois fois par semaine au prix d’une néphrotoxicité fréquente (6 cas) mais le plus souvent modérée.
Conclusion :
L’AMB-L pourrait représenter une option thérapeutique de l’EA en cas d’intolérance ou d’échec aux BZM, en situation de sauvetage ou en encadrement d’un traitement chirurgical. Bien que le recul soit encore limité, une certaine efficacité a été observée chez 5 patients sur les 7 traités. La tolérance a été acceptable avec une néphrotoxicité fréquente mais le plus souvent modérée.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt