Résumé n°EP_22
Absence d’impact à long terme des saignées sur la glycémie à jeun dans l’hépatosidérose métabolique
E. Bardou-Jacquet*, M. Laland, Y. Gandon, Y. Deugnier, J. Morcet, F. Lainé (Rennes)
Introduction :
L’hépatosidérose dysmétabolique est la cause la plus fréquente de surcharge en fer. Le bénéfice des saignées dans ce contexte est contesté.
Dans une étude prospective multicentrique randomisée, les saignées n’avaient pas d’effet significatif à un an sur la glycémie à jeun ou sur les tests biochimiques hépatiques.
Cependant, aucune information n’était disponible sur l’impact potentielle à plus long terme des saignées sur l’insulino-résistance et le métabolisme du fer dans ce contexte.
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Les patients atteints d’hépatosidérose dysmétabolique inclus dans l’étude prospective multicentrique initale et pris en charge dans notre centre se sont vus proposer une étude de suivi.
Les patients ayant bénéficié de saignées pendant l’étude ou après la fin de l’étude (au moins 4 saignées au cours du suivi), ont été inclus dans le groupe saignés.
Les autres patients ont été considérés comme le groupe témoin. Les données cliniques et biologiques ont été recueillies à l’inclusion, ainsi que la réalisation ou non d’un traitement déplétif par saignées depuis leur participation à l’étude.
Une IRM hépatique et une mesure d’élasticité hépatique ont été réalisées. Les facteurs associés à l’augmentation de la glycémie à jeun au cours du suivi ont été déterminés en analyse univariée puis multivariée.
Résultats :
Au total, sur 152 patients éligibles, 75 patients ont été inclus dans cette étude de suivi. 55 d’entre eux ont continué les saignées.
La durée moyenne de suivi entre l’inclusion dans l’étude initiale et l’étude actuelle était de 7,3(±1,3) ans.
A l’inclusion dans l’étude de suivi, l’âge moyen était de 65,3 (± 8,5) ans, 84% des patients étaient des hommes, et l’IMC moyen était de 28,6 (± 3,4). La ferritine sérique moyenne (FRT) était de 465(± 242) µg/L, et la concentration hépatique en fer (CHF) moyenne de 28(±14) µmol/g.
La CHF dans le groupe controle était de 35±21µmol/g versus 25±9 dans le groupe saignée (p=0.07).
Au total, 36 patients (48 %) présentaient une augmentation de la glycémie à jeun. Le niveau de ferritine ou de CHF n’était pas associé à l’évolution de la glycémie à jeun (p=0.12 et p=0.42 respectivement).
Une pression artérielle diastolique initiale plus basse et une stéatose (PDFF) plus élevée à l’inclusion étaient associées à une augmentation de l’évolution de la glycémie à jeun, alors que la réalisation de saignées ne l’était pas.
Une ferritine elevée à l’inclusion était associée à une concentration hépatique en fer elevée, une masse grasse plus importante et un taux de HDL plus bas.
Conclusion :
Les saignée n’a pas d’effet significatif sur l’insulino résistance à long terme dans l’hépatosidérose dysmétabolique.
L’évolution de l’insulinorésistance est principalement liée aux caractéristiques du syndrome métabolique ainsi qu’à leur évolution.
Bien que basé sur une population de taille limité, ces résultats renforcent les résultats suggérant l’absence de bénéfice des saignées dans ce contexte.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt