Résumé n°EP_29

Relation médecin-malade à l’ère du zéro papier: où en est -on ? Une étude anthropologique observationnelle en consultation d’hépato gastroentérologie

B. Daugeron*, M. Allaire, C. Bouzbib, H. Giudicelli, E. Larrey, M. Mallet, S. Mouri, J. Moussalli, R. Pais, J. Rezai, M. Rudler, V. Ratziu, P. Sultanik, D. Thabut, P. Lebray (Paris)

Introduction :
La relation patient-médecin (RPM) se médiatise par l’outil informatique, dans le mouvement général de la transformation digitale de l’hôpital. Comment se passent les choses concrètement ? L’ordinateur n’est-il qu’un outil de plus ? Au service du qui ? Faut-il y voir une redéfinition de la relation médecin-patient ?

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Après mise en conformité avec la DRC et la RGPD dont le respect du secret professionnel et recrutement d’un anthropologue indépendant
Phase d’immersion d’un mois où ses objectifs étaient de : se faire accepter, respecter les règles d’usage, comprendre la langue, le contexte (incluant les pénuries), le système hiérarchique et les organisations entre et au sein des corps de métiers
Création collective d’outils de mesure et de méthodes de recherche adaptés au terrain
Observations anthropologiques de 12/2022 à 02/2023, au sein d’une consultation d’hépato-gastroentérologie aidée du logiciel Orbis avec analyse des données visuelles (camera Go pro centrée sur le médecin) et auditives (Temps de parole respectifs des intervenants)
Tests univariés de Mann Whitney, Spearman et Chi-2 significatifs si p<0.0

Résultats :
53 consultations analysables dont 30 en présentiel et 23 à distance avec métrique audio-visuelle
Caractéristiques générales sur la fig. 1

Si le rituel du déroulé de consultation persiste (recueil, décision, rendu), les supports numériques interférent sur la RPM d’un point de vue:
(1) Spatial : seulement ¼ du bureau comme zone d’interactions
(2) Organisationnel : 10% de dysfonctionnement (bureautique ,supports examens, appels)
(3) Sensoriel:
Multi-activité médicale avec 65 % du temps d’une consultation d’un patient dédié à la production de données et 75% aux échanges (dont seulement 30% de parole du patient et 28% de regard du médecin)
Le patient s’active sur un mode on/off, redoublant de stratégies pour capter son attention
La plupart du temps, mais pas systématiquement, les médecins s’adaptent aux conditions d’exercice avec plasticité, mais au prix d’une dispersion sensorielle (cf. fig. 2)
La part du temps de production évolue inversement au temps de regard vers le patient et de parole de ce dernier
Outre le choix du médecin et les rapports entre production et échange suscités: âge du médecin, type et nombre de patients, type de consultation, nombre de supports et dysfonctionnements sont associés aux temps de production, d’échange et aux retards (cf. fig. 3)

Conclusion :
A l’ère du zéro papier, la communication  est concurrencée par l’attention fournie au dossier informatisé
Au risque de « perdre » son patient, le médecin doit en prendre conscience et sans doute se réorganiser
Mais la production de données pourrait également être optimisée (structuration , OCRisation, circuit du rendu), de même que l’ environnement para-numérique (supports annexes, formation, SAV)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Remerciements : Mécénat : Laboratoire GILEAD

Figure 1 : 

Figure 2 : 

Figure 3 :