Résumé n°PP_05

Le portrait-robot du patient à risque de fibrose avancée en population générale

C. Canivet*, W. Brouwer, T. Thevenot, M. Roux, C. Moreau, S. Dubois, S. Vendeville, F. Gagnadoux, S. Darwish Murad, R. De Knegt, D. Roulot, J. Boursier (Angers, Rotterdam, Besancon, Bobigny)

Introduction :
L’EASL [1] et l’AASLD [2] recommandent le dépistage ciblé de la fibrose hépatique chez les sujets avec facteurs de risque. Cependant, les critères définissant les « personnes à risque » ne sont pas clairement précisés. L’objectif de cette étude était de définir le profil du patient à risque d’élasticité hépatique élevée qui nécessite une évaluation par des tests non invasifs de la fibrose hépatique.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
La cohorte de dérivation incluait 1483 patients de centres tertiaires (diabétologie, pneumologie et cardiologie) et de soins primaires. La cohorte de validation comportait des patients de population générale : 1 190 patients de France et 4 377 patients de Rotterdam. Tous les patients étaient âgés de plus de 40 ans et avaient eu une mesure d’élasticité hépatique (VCTE) à l’aide du FibroScan.
Le critère de jugement principal était la présence d’un VCTE > 8 kPa. Les paramètres inclus dans l’analyse multivariée étaient : la présence d’un diabète de type 2 (DT2), l’indice de masse corporelle (IMC) > 30 kg/m2, la prise d’antihypertenseurs ou d’hypolipémiants et la consommation d’alcool supérieure aux seuils de l’OMS. Les résultats étaient ajustés sur l’âge et le sexe.

Résultats :
Cohorte de dérivation: l’âge médian était de 60 ans, 68,6 % étaient des hommes, l’IMC médian était de 29,1 kg/m2 (IQR 26,0-32,0), 32,8 % avaient un DT2, 60,1 % prenaient des antihypertenseurs et 41,0 % des hypolipémiants. La consommation médiane d’alcool était de 20 g/semaine. Le VCTE médian était de 5,9 kPa (IQR 4,5-8,1) et 25,7 % des patients avaient un VCTE > 8 kPa. Dans l’analyse multivariée, les trois facteurs de risque significativement associés à un VCTE > 8 kPa étaient : le DT2, l’IMC > 30 kg/m2 et la consommation d’alcool supérieure aux seuils de l’OMS (p<0,001). Le pourcentage de patients avec un VCTE > 8 kPa passait de 10 % chez les patients sans facteur de risque à 65 % chez ceux avec 3 facteurs de risque (Fig 1).

Validation-France : le VCTE médian était de 5,3 (IQR 4,4-6,5) kPa ; 7,7 des patients avaient un VCTE > 8 kPa. Parmi les patients sans facteur de risque 5,5% avaient un VCTE > 8 kPa et ce taux atteignait 28,6 % chez les patients ayant > 2 facteurs de risque (Fig 1).

Validation-Rotterdam : le VCTE médian était de 4,8 (IQR 3,9-6,0) kPa ; 6,0% des patients avaient un VCTE > 8 kPa. Le taux de patients avec VCTE> 8 kPa était de 4,2 % en l’absence de facteur de risque et ce taux augmentait à 33,3 % en cas de 3 facteurs de risque (Fig 1).

Conclusion :
Chez les sujets de plus de 40 ans, les facteurs de risque cliniques associés à la fibrose hépatique avancée sont : la présence d’un DT2, un IMC > 30 kg/m2 et une consommation d’alcool supérieure aux seuils de l’OMS (Fig 2). Le dépistage ciblé doit donc être privilégié chez ces individus.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Références :
[1] Berzigotti A, Tsochatzis E, Boursier J, Castera L, Cazzagon N, Friedrich-Rust M, et al. EASL Clinical Practice Guidelines on non-invasive tests for evaluation of liver disease severity and prognosis – 2021 update. Journal of Hepatology 2021:S0168827821003986.
[2] Rinella ME, Neuschwander-Tetri BA, Siddiqui MS, Abdelmalek MF, Caldwell S, Barb D, et al. AASLD Practice Guidance on the clinical assessment and management of nonalcoholic fatty liver disease. Hepatology 2023;77:1797.

Figure 1 : 

Figure 2 :