Introduction :
Le cholangiocarcinome (CCK) est le 2ème plus fréquent cancer hépatique primitif après le carcinome hépatocellulaire. Les hépatopathies chroniques d’étiologie virale sont un facteur de risque connu de CCK. Notre étude a comme objectif de décrire les caractéristiques phénotypiques des CCK survenant dans une large cohorte de patients avec hépatopathies chroniques virales, suivis avant et après l’éradication virale. 

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
20 900 patients avec hépatopathies chroniques virales, inclus dans les cohortes ANRS HEPATHER, LICAVIR et CIRVIR ont été analysés. Les données épidémiologiques, radiologiques et histologiques ont été évaluées. La durée médiane du suivi des patients a été de 62 mois [IQR: 32-85]. L’analyse statistique a été réalisée par SAS version 9.4 (SAS Institute Inc., Cary, North Carolina).   

Résultats :
Parmi 20 900 patients, 58 ont développé un CCK prouvé histologiquement. La majorité était hommes (71%), avec un âge moyen de 62,3 ans. 86% patients avaient une infection virale C, dont 85% étaient indétectables au diagnostic du CCK et 12% une infection virale B. La durée médiane entre la guérison virologique et le diagnostic de CCK était de 36,5 mois. Les cofacteurs d’hépatopathie chronique étaient : consommation d’alcool (38%), hypertension (36%), diabète (22%). 79% patients étaient cirrhotiques, dont 79% avec un score Child-Pugh A. Des signes d’hypertension portale étaient présents : splénomégalie (22%), ascite (16%), varices œsophagiennes ou gastriques (27%). La majorité (69%) des CCK étaient intrahépatiques (iCCK), 18% étaient extrahépatiques (eCCK) et 13% mixtes. Au diagnostic, 23 iCCK (72%) étaient unifocales, avec un diamètre moyen de 40,5 mm, 8 iCCK (25%) étaient multifocales, 1 iCCK diffus. 40% CCK étaient métastatiques au diagnostic. 40% patients ont eu un traitement chirurgical, 5% une destruction percutanée, 1 patient une radioembolisation et 40% une chimiothérapie. La chimiothérapie de 1ere ligne la plus utilisée était gemcitabine et cisplatine. 13% patients n’étaient éligibles à aucun traitement au diagnostic. La survie globale médiane des patients a été de 1,8 ans.

Conclusion :
Dans notre cohorte, le CCK survient majoritairement sur foie cirrhotique. Le plus fréquent était le iCCK, souvent unifocale au diagnostic, démontrant le bénéfice du dépistage du cancer sur hépatopathie chronique. 1/3 des CCK étaient déjà métastatiques au diagnostic, seulement 40% étaient éligibles à un traitement curatif au diagnostic. Le pronostic est sombre, la survie globale médiane est de 1,8 ans. 

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Remerciements : A l’ensemble de l’équipe ANRS

Figure 1 :