Résumé n°PJ_06

Hépatites alcooliques aiguës sévères et infections fongiques invasives: données nationales entre 2012 et 2021

C. Mouliade*, L. Parlati, S. Bouam, E. Nguyen Khac, M. Corouge, D. Karinthi, A. Vallet-Pichard, V. Dhalluin-Venier, P. Sogni, S. Pol, A. Alanio, V. Mallet (Villejuif, Paris, Amiens)

Introduction :
Les infections fongiques invasives (IFI) chez les patients atteints d’hépatites alcooliques sévères (HAS) ont été peu étudiées et les données sont limitées.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Il s’agit d’une étude rétrospective longitudinale portant sur l’ensemble des patients diagnostiqués avec des troubles liés à l’usage de l’alcool dans les hôpitaux français entre 2012 et 2021 (N=1 438 049). L’échantillon est retreint aux patients avec une insuffisance hépatique, un ictère, de l’ascite, un saignement sur hypertension portale, une défaillance d’organe ou une biopsie hépatique transjugulaire enregistée dans les 8 semaines suivant une HAS.
L’objectif principal était d’étudier l’incidence des IFI et les facteurs de risque associés. Notre objectif secondaire était de réaliser une analyse de survie avec comme variable dépendante la mortalité à 6 mois. Notre principale variable explicative était la survenue d’une IFI, la pneumonie bactérienne (PB) était la variable de contrôle.

Résultats :
L’échantillon comprenait 33112 patients. L’âge médian était de 55 (47-62) ans avec 73% d’hommes. Une IFI, comprenant la candidose invasive (n=308, 0,9%), l’aspergillose (n=109, 0,3%), la pneumocystose (n=54, 0,2%) et la cryptococcose (n=3, 0,01%), ainsi qu’une PB, avaient été diagnostiquées respectivement chez 463 (1,4%) et 5225 (15,9%) patients. Environ un cinquième ont eu un sepsis bactérien documenté et 27,8% avait une défaillance d’organe. Le taux de mortalité à 6 mois était de 27,01%.
Les probabilités de survie à 6 mois [IC à 95%] étaient de 38,8 (34,5-43,7), 63,1 (61,7-64,5), et 73,0 (72,5-73,6) pour cent respectivement, dans les groupes avec une IFI, avec une infection bactérienne et sans l’une ou l’autre (p<0,001). Les IFI étaient associées à un risque indépendant de décès à 6 mois d’environ 60% [aHR 1.60, IC à 95% (1.39-1.83), P<0.001]. Il n’y avait pas de surmortalité liée aux PB (p=0,5).
En analyse multivariée, les variables associées aux IFI étaient : l’âge jeune [aOR 0,79 par décennie, IC à 95% (0,72-0,87) P<0,001], le sepsis [aOR 3,47 (2,78-4,34) P<0,001], la biopsie hépatique transjugulaire [aOR 1,48, (1,19-1,83) P<0,001], la PB [aOR 2,28 (1,87-2,79) P<0,001], les défaillances d’organes [aOR 4,63 (3,58-6,03) P<0,001]et la mortalité à 6 mois [aOR 2,48 (2,02-3,05) P<0,001].

Conclusion :
En France, entre 2012 et 2021, les infections fongiques invasives étaient rares (environ 1,5%) chez les patients atteints d’hépatite alcoolique aiguë sévère mais étaient associées à un surrisque de décès, comparé aux pneumopathies bactériennes. Nos résultats posent la question de stratégies diagnostiques et prophylactiques antifongiques spécifiques chez ces patients.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt

Figure 1 :