Résumé n°PJ_07
L’encéphalopathie hépatique est associée à un pronostic plus sévère que l’encéphalopathie non hépatique chez les patients cirrhotiques
V. Desplats*, J. Assaraf, L. Haudebourg, S. Mouri, C. Bouzbib, D. Bonnefont-Rousselot, M. Sakka, P. Sultanik, A. Leproux, N. Weiss, M. Rudler, D. Thabut (Paris, Créteil)
Introduction :
La survie diminue considérablement après un premier épisode d’encéphalopathie hépatique (EH) clinique chez les patients (pts) cirrhotiques et des données récentes suggèrent que l’hyperammoniémie (hNH3) est associée à un pronostic plus sombre à court et long terme. Certains pts présentent une encéphalopathie clinique sans hNH3 (encéphalopathie non hépatique – EnH), incitant à rechercher des diagnostics différentiels d’encéphalopathie. Aucune étude n’a comparé le pronostic de l’EH à celui de l’EnH
Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Nous avons mené une étude observationnelle rétrospective dans deux cohortes différentes de pts hospitalisés dans notre unité de soins intensifs d’hépatologie entre février 2014 et octobre 2016, et entre janvier 2019 et août 2021. Tous les pts avaient au moins une mesure d’ammoniémie (NH3) à l’admission. L’hyperammoniémie était définie par une ammoniémie > 50 µmol/L. Les pts ont été divisés en 4 groupes : EH (encéphalopathie et NH3 > 50 µmol/L : groupe 1), EnH (encéphalopathie et NH3 ≤ 50 µmol/L, groupe 2), et 2 groupes témoins : absence d’encéphalopathie et NH3 ≤ 50 µmol/L L (groupe 3), absence d’encéphalopathie et NH3 > 50 µmol/L (groupe 4). Le critère de jugement principal était la survie sans transplantation à un an.
Résultats :
533 pts ont été inclus (avec encéphalopathie : groupe 1 = 169 pts (69%), groupe 2 = 77 pts (31%) ; sans encéphalopathie : groupe 3 = 126 pts, groupe 4 = 161 pts). Les principaux facteurs de risque de cirrhose étaient l’alcool (68%), la MAFLD (37%) et les infections VHB/VHC (20%) sans différence entre les groupes. Les patients des groupes 1 et 2 avaient significativement plus d’antécédents d’encéphalopathie que ceux des groupes 3 et 4. Ils avaient également une cirrhose plus sévère avec des scores Child-Pugh, MELD et CLIF-OF plus élevés. Les pts EnH avaient significativement plus d’infections et étaient significativement plus exposés aux médicaments potentiellement neurotoxiques que les pts EH. La survie sans transplantation à un an était significativement plus faible chez les patients atteints d’EH à l’admission que chez les patients atteints d’Enh ou sans encéphalopathie (Figure 1). En analyse multivariée, la présence d’une EH, mais pas celle d’une EnH, était indépendamment associée à une survie sans transplantation plus faible à un an (HR 1,91, IC à 95 % 1,34 – 2,73) (tableau 1)
Conclusion :
L’EnH – i.e. encéphalopathie sans hNH3 – est fréquente chez les patients cirrhotiques présentant une encéphalopathie, et est probablement d’origine médicamenteuse ou septique. Le pronostic de l’EnH n’est pas différent de celui des patients sans encéphalopathie. L’EH, mais pas l’EnH, est indépendamment associée à une survie sans transplantation plus faible chez les pts cirrhotiques admis en USI
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt
Figure 1 :

Figure 2 :
