Résumé n°PP_01

Delta Describe : photographie sur 5 ans à partir des données SNDS du dépistage de l’hépatite delta en France métropolitaine

V. Loustaud-Ratti*, S. Francois, S. Alain, M. Debette-Gratien, P. Carrier, C. Rigaud

Introduction :
L’infection par le virus delta (VHD) est un problème de santé publique. En France métropolitaine, très peu d’études, issues surtout de centres de référence, évaluent sa prévalence à environ 4 % des patients VHB+. Des données en vie réelle sur le dépistage du VHD sont nécessaires. Nos objectifs ont été de définir sur cinq ans, le nombre de tests VHD réalisés, de le comparer à celui potentiellement attendu, et de décrire les caractéristiques globales des patients et des prescripteurs.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Étude rétrospective sur les données issues de l’assurance maladie française (SNDS) (2016 à 2020). Une photographie des tests VHD, VHB, VIH et VHC réalisés est fournie avec les caractéristiques épidémiologiques des patients ayant bénéficié des tests VHD et le profil de leurs prescripteurs. Les extractions de données SNDS sont réalisées grâce à des algorithmes de ciblage et les doublons patients sont écartés. Le nombre attendu de tests Ac VHD est calculé à partir de l’estimation de la positivité des tests AgHBs prescrits en France (0,8%).

Résultats :
Au cours de la période 2016-2020, 18 021 850 tests Ac VHC, 20 127 962 Ac VIH, 18 736 721 Ag HBs, 88 275 Ac VHD et 10 306 ARN VHD ont été effectués.
On observe une augmentation de 30% des tests VHB entre 2016 et 2019 et une diminution de 6% entre 2019 et 2020 (pandémie COVID). Le nombre d’Ac VHD augmente de 81% entre 2016 et 2019 et diminue de 5% entre 2019 et 2020. Le nombre d’ARN VHD augmente de 80% entre 2016 et 2019 (pic entre 2019 et 2020 +26%) malgré la pandémie (bulévirtide ATU 09/2019, AMM 09/2020).
Parmi les tests Ac VHD attendus, seuls 46% ont été réalisés en 2016 et 64% en 2020. Les patients ont été dépistés pour le VHD principalement en région parisienne (31%) et dans le sud de la France (24% : Occitanie, PACA, Auvergne Rhône Alpes) ; 40% d’entre eux correspondaient à un profil précaire ou migrant. Les prescripteurs pour les tests VHB étaient majoritairement des médecins généralistes (MG) et des gynécologues, respectivement 64% et 19% ; pour les tests VHD des MG et des hépato-gastroentérologues, respectivement 78% et 11%.
En ciblant certaines populations d’intérêt : chez les femmes enceintes en 2020 seulement 0,16% des dépistages VHB ont été suivis d’un test VHD. Chez les patients suivis pour une infection chronique par le VHB, 22,7% ont bénéficié d’un dépistage VHD.

Conclusion :
Le dépistage du VHB, clef pour le dépistage VHD, a augmenté de 2016 à 2020. Le nombre d’Ac VHD réalisés a été multiplié par 1,8, avec un impact évident lié à la disponibilité du bulévirtide. Cependant, ce nombre devrait être 1,5 fois supérieur, attestant d’un déficit de dépistage VHD.  Ainsi, le « reflex testing » VHD devrait être généralisé et remboursé officiellement par l’assurance maladie.

Les auteurs déclarent avoir un conflit d’intéret