Résumé n°PP_05

Améliorer l’accès aux tests virologiques du VHD grâce aux papiers buvard

V. Delagarde*, A. Gerber, S. Dziri, D. Roulot, E. Gordien, F. Le Gal, S. Brichler (Bobigny)

Introduction :
Le virus de l’hépatite Delta (VHD) infecte environ 5% des porteurs chroniques du VHB et augmente le risque de complications hépatiques graves. Des moyens insuffisants de dépistage dans les zones endémiques expliquent que la plupart des patients VHD+ ne sont pas diagnostiqués. La mise à disposition d’outils tels que les papiers buvard (ou Dry Blood Spots, DBS) peut aider à connecter patients et laboratoires spécialisés. Cette étude vise à adapter les tests virologiques du VHD à la matrice DBS.

Patients et méthodes / ou matériel et méthodes :
Nous avons mené deux études complémentaires. Des échantillons choisis de sérum et de plasma ont été déposés sur DBS avant d’être testés respectivement pour les anticorps (Ac) anti-VHD totaux (Liaison XL, Diasorin) et pour la charge virale (CV) VHD (Abbott m2000/Eurobio EBX-004). Plusieurs conditions de stockage (2 semaines à température ambiante, 2 semaines à -20°C et 5 semaines à température ambiante), ainsi que deux solutions de remise en suspension ont été comparées. En parallèle, d’autres DBS ont été préparés prospectivement à partir d’échantillons de sang total (issus de prélèvements veineux au pli du coude) de patients fréquentant notre hôpital, et les mêmes analyses ont été effectuées.

Résultats :
L’évaluation des deux solutions de remise en suspension a montré un léger avantage pour le PBS/0,01% NP40 (par rapport au tampon de lyse Abbott m2000), en particulier pour les échantillons avec une faible CV. Le protocole DBS finalisé a été établi : 50 µL de matrice/cercle, séchés pendant 2h sous hotte et stockés dans des sacs opaques avec un dessicant. Chaque cercle est remis en suspension dans 500 µL de PBS/0,01% NP40 et agité pendant 1h à température ambiante.
Les analyses des prélèvements de sérum ont trouvé une spécificité de 100 % et une bonne corrélation du taux d’Ac entre le sérum/DBS apparié pour les échantillons fortement positifs. La sensibilité réduite observée pour les échantillons faiblement positifs a conduit à repositionner le seuil de la technique sérologique autour de 0,15 (à adapter localement en fonction du bruit de fond). De même, les tests à partir des échantillons de plasma sur DBS ont montré une spécificité de 100 % et une bonne capacité à détecter et à quantifier l’ARN du VHD. Cependant, la sensibilité chute à 50 % pour les échantillons de faible CV, 1000 UI/mL étant la limite de détection observée. L’étude prospective sur le sang total veineux a donné des résultats comparables, tant en sérologie qu’en biologie moléculaire.

Conclusion :
Les DBS peuvent être utilisés pour le diagnostic et le suivi des patients VHD. De bonnes sensibilité et spécificité sont notées lorsque les taux d’Ac et les CV sont élevés, mais une diminution générale du signal nécessite l’adaptation des seuils d’interprétation. Enfin, une attention particulière doit être portée dans des contextes particuliers (ex : infection récente, patient sous traitement).

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt